Premières actions de la FNSEA et de JA pour dénoncer des importations « aberrantes »
Blocage d’un Buffalo Grill, tracteurs et bennes devant la Maison de l’Europe… Quelques rassemblements symboliques se sont tenus hier, le jeudi 25 septembre 2025, à l’appel de la FNSEA et de Jeunes Agriculteurs (JA), contre les importations « aberrantes » qui minent l’agriculture française selon ces deux syndicats agricoles.
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Les actions syndicales ont donc commencé ce jeudi 25 septembre, veille du jour où la FNSEA et JA appellent les agriculteurs à se mobiliser. Dans le viseur des deux syndicats agricoles, le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur dont Bruxelles a lancé au début de septembre le processus de ratification. La France, hier très opposée, semble depuis se montrer moins défavorable.
Mobiliser contre « le Mercosur » et les importations « qui ne respectent pas les normes qui sont les nôtres »
Plus globalement, il s’agit de se mobiliser contre « le Mercosur, les taxes imposées par Donald Trump et le flot des importations internationales qui ne respectent pas les normes qui sont les nôtres », a indiqué Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, qui dans un premier temps avait prévu des mobilisations plus tard dans l’automne.
« N’importons pas ce qu’on ne veut pas qu’on produise. C’est ça, l’hypocrisie de l’Europe. Sous couvert d’écologie, on importe ce qu’on ne produit pas ici, avec aucune norme environnementale et sociale », déplorait ainsi jeudi Dominique Noury, éleveur de vaches charolaises et de volailles, lors d’une action à Dijon.
L’accord avec le Mercosur doit permettre à l’Union européenne d’exporter davantage de voitures, machines, vins… Mais l’accord facilitera aussi l’entrée de bœuf, volaille, sucre, miel, riz, exemptés de droits de douane.
Bruxelles insiste sur la faiblesse des volumes attendus, mais les filières européennes concernées crient au risque de déstabilisation et de baisse des prix, et surtout à la concurrence déloyale du fait de normes de production moins-disantes sur le plan sanitaire et environnemental et de contrôles défaillants.
Différentes cibles
Jeudi, une cinquantaine d’agriculteurs, selon des représentants syndicaux, ont bloqué l’entrée d’un Buffalo Grill à Pusey, près de Vesoul (Haute-Saône), pour la défense de la viande française. Avec une charolaise devant la porte d’entrée, ils ont tagué sur la devanture « Je suis français, je mange français ».
« Les dégradations sur notre restaurant de Vesoul ne visent pas le bon acteur. Elles sont inacceptables », a déploré auprès de l’AFP le directeur général de l’enseigne, Robert Guillet, assurant qu' « à aucun moment nous n’avons ne serait-ce que pensé à importer depuis les pays d’Amérique du Sud ».
Dans le centre de Dijon, 150 agriculteurs sont venus, avec 41 tracteurs et bennes, devant la Maison de l’Europe. « On importe de la viande qu’on n’a pas le droit de produire chez nous, alors qu’on a l’agriculture la plus durable au monde », a expliqué à l’AFP Antoine Fauchet, président des JA d’Is-sur-Tille (Côte-d’Or).
La mobilisation se poursuivra vendredi sous diverses formes : mobilisations en supermarchés, défilés devant des préfectures, présentation de produits jugés « aberrants » (pommes du Chili, noix des États-Unis, etc.), ou manifestation régionale avec tracteurs sur la place d’Armes, devant le château de Versailles.
Pour les agriculteurs interrogés en Occitanie, cette date du 26 septembre ne convient pas, en période de vendange et de récolte céréalière, « maïs, tournesol, soja, sorgho », énumère Jérôme Barthès, président de la FDSEA de l’Aude : « C’est trop tôt dans la saison. Il peut y avoir un manque d’agriculteurs impliqués » dans la mobilisation.
Son syndicat prévoit une action vendredi aux abords de Carcassonne. Ce sera « surtout de la communication, des distributions de tracts », dit-il. En Haute-Garonne, la FDSEA souligne que la « base, elle suit. Même s’il n’y a pas de gouvernement, on veut que la copie soit déjà sur le bureau du, ou de la, prochaine ministre », explique Luc Mesbah, secrétaire général.
Des syndicats unanimes mais qui se mobilisent en ordre dispersé
Le texte sur le Mercosur doit encore être approuvé par les États membres puis par le Parlement européen, la Commission espérant leur aval d’ici à la fin de décembre. Les syndicats agricoles expriment leur opposition au traité dans un rare mouvement d’unanimité. Mais ils se mobilisent en ordre dispersé.
La Coordination rurale (CR), dans une volonté de se démarquer, veut être reçue par le Premier ministre Sébastien Lecornu pour lui présenter ses propositions, avant une mobilisation « avant la fin de l’année ».
La Confédération paysanne, pour sa part, a annoncé une manifestation à Paris, « tracteurs en tête », le 14 octobre.
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